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Tewfik Hammoudi

L’approche systémique : vecteur clé de la connaissance des territoires

L’accumulation de biens matériels transmis entre générations est une tendance profondément ancrée dans les comportements humains. En effet, soucieux de préserver ses acquis, son territoire voire son pouvoir, l’homme se rassure en se constituant un patrimoine. Cet acte de transmission est essentiel pour la fondation des sociétés, des territoires et des relations qui les unissent. Or aujourd’hui il est quasi inexistant ou s’opère de manière très inégale, opaque, les citoyens étant souvent exclus du protocole.

Désormais, ce sont également les biens immatériels qui attisent la convoitise des puissants de ce monde. A l’ère du digital, les données collectées à tout-va permettent à ces derniers de maîtriser de nombreux aspects du quotidien. Et d’ainsi s’accaparer la plupart des ressources, d’en décider les usages et la finalité. Transformer ces données en ressources de connaissances, éviter leurs disparités, leurs appropriations, réclame de penser de nouveaux modèles systémiques.

Le territoire : une réalité morcelée par une approche réductionniste et en silos

Le territoire est un terrain fertile pour l’application de projets de collecte, d’organisation et de gestion des données. Des projets intégrant leur partage surtout, afin d’en améliorer la connaissance pour des usages documentés et intelligents. Or, on constate aujourd’hui que le problème fondamental des données disponibles associées au territoire est leur isolement. Ou, mieux dit, leur enfermement dans des silos thématiques, non connectés, donnant une vision morcelée de la réalité du territoire.

S’agit-il d’un problème purement technique ou d’insuffisance au niveau des expertises technologiques ? Il serait malhonnête d’affirmer cela à une époque ou nombre de vendeurs de solutions logicielles vantent leurs capacités d’innovation. Les développeurs d’ERP par exemple (PGI ou progiciels de gestion intégrée en français) glorifient les mérites transversaux de leurs applications. Ils senorgueillissent d’intégrer des données hétérogènes pour les faire communiquer entre elles et ainsi optimiser des processus métiers.

Mais ces ERP métiers, industriels, ne se soucient guère du territoire comme espace public appartenant à tous. Certes, les logiciels de SIG ou des modules de visualisation, offrent des capacités intéressantes à la gestion des projets. Cependant leurs fonctionnalités se limitent souvent à visualiser les données qu’on a choisi de traiter pour des finalités d’expertises professionnelles. Le système d’organisation de données du territoire que nous souhaitons promouvoir est, pour sa part, strictement orienté connaissance.

Des pratiques et solutions qui appauvrissent la connaissance

Nous constatons que la plupart des modèles de synthèse actuels simplifient à outrance la complexité territoriale. Ils les réduisent à des ensembles de données sectorielles cloisonnées, minimisant, ignorant voire niant la valeur d’autres ensembles de données. Derrière des pratiques finalement assez simples de collecte d’informations, ces systèmes configurent des bases de données à partir d’à priori. Or, en matière de territoire, il n’y a pas de bonne ou de mauvaise donnée. Toutes celles disponibles, ayant un lien évident ou non, direct ou indirect avec ce dernier, doivent traiter et intégrer le modèle.

Cela dit, comprendre le territoire ne peut en aucun cas se réduire uniquement à la collecte de données (big data). Cela implique de révéler la manière dont les différents éléments interagissent, évoluent ensemble, produisant parfois des configurations imprévisibles. C’est pourquoi nous plébiscitons une approche systémique (versus l’approche réductionniste) des modèles de données associées au territoire. Une approche acceptant la complexité et la singularité du territoire, l’aborde franchement et en intègre tous les aspects disponibles historiquement. Cette vision pratique, résolument exhaustive, enrichit la connaissance au lieu de la réduire à sa plus simple expression.

Dans cette perspective, les dynamiques sous-jacentes au territoire se révèlent, le système lui-même étant soumis à l’évaluation des faits. Ainsi, cette démarche à forte valeur ajoutée n’impose pas une perception figée du territoire, contrôlée par les experts. Lapproche systémique laisse au contraire émerger la connaissance en fonction d’interactions en perpétuelle mutation entre les éléments. Elle rend le territoire et la connaissance qui y est associée, à la fois dynamiques et singuliers.

Un système à forte valeur démocratique

Si des données à valeur privée ou commerciale peuvent nécessiter une protection, en matière de territoire, cela nous paraît inacceptable. Le territoire, par définition, appartient en effet à tout le monde. Même si, une fois de plus, cette notion, varie fortement en fonction des règlementations basées sur des rapports de force.

Le modèle que nous souhaitons voire émerger s’oppose aux privilèges et à la maîtrise des opérations associées aux territoires. Nous promouvons l’écoute et l’accueil continus afin d’intégrer au système toute donnée permettant de saisir toutes les informations pertinentes à l’intelligibilité des territoires. Chaque interaction remet en question la connaissance, la rendant caduque, dépassée ou, au contraire, plus juste que jamais. Nous souhaitons un véritable changement de paradigme, une rupture. L’enjeu n’est pas d’améliorer les outils d’analyse, mais d’adopter une approche totalement nouvelle, qui dépasse la logique d’accumulation de données. Il est aussi de concevoir une vision intégrative du territoire fonder sur une démarche transdisciplinaire.

La véritable innovation ne réside pas dans une meilleure analyse, mais dans la capacité à faire émerger une synthèse. Là où le résumé réduit, la synthèse compose. Elle ne sélectionne pas arbitrairement des données, mais crée une compréhension globale à partir des relations qui unissent les éléments. En ce sens, elle ne simplifie pas le monde, mais en révèle la richesse et la complexité.

Comprendre un territoire, ce n’est pas le posséder, c’est évoluer avec lui, dans une connaissance en mouvement. C’est seulement par cette approche que l’on pourra dépasser la vision fragmentée actuelle et développer un nouveau modèle de connaissance. Un modèle systémique, dynamique et participatif, réellement adapté aux réalités du monde contemporain.

démocratie

Agir avec attention et d’une manière responsable, individuellement ou collectivement, professionnellement ou pour le plaisir réclame des connaissances de plus en plus fines, objectivées et partagées.

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